Claes Oldenburg, le Monument (1967)
En 1967, il réalise une exposition au Métropolitan muséum de New York, sur le thème de la sculpture sur l’environnement. Il organise une performance avec six fossoyeurs. Il fait creuser un trou en disant qu’il estime que les Etats-Unis n’ont à être fier de rien à commémorer. Il fait un trou avec rien dedans.
un trou creusé dans un parc est aussitôt rebouché par l’artiste
Marcel Broodthaers, le coq, (1970)
Joseph Beuys, 7000 Chênes, Documenta, Kassel (1982) Beuys commence la plantation de 7000 chênes, action qui se poursuit sur plusieurs années, sur toute la planète, même après la mort de l’artiste en 1986.
Esther et Jochen Gerz, Les « monuments invisibles » (1990)
Jochen Gerz entreprend clandestinement, avec l’aide de ses étudiants de l’École des Beaux-Arts, de desceller progressivement les pavés de la place devant le château de Sarrebrück, ancien quartier général de la Gestapo. Sur chaque pavé, il inscrit le nom d’un cimetière juif d’Allemagne et la date de cette inscription pour le remettre en place, face gravée tournée vers le sol. Le nombre des cimetières donnés par les communautés juives s’élevait à l’automne 1992 à 2146. Cela a donné le nom au mémorial 2146 pavés.
Santiago Sierra, 3000 holes (2002)
un groupe d’immigrés d’origine maghrébine et subsaharienne, engagés et assurés pour l’occasion, ont passé trois semaines à creuser 3000 cavités de 180 x 70 x 70 cm chacune, sur une colline du domaine de Montenmedio d’où l’on peut distinguer le continent africain. Par la suite, l’artiste a pris des photographies aériennes de ces cavités et a présenté une édition de 3 images et une vidéo que l’on peut voir à la Fondation NMAC.
Les 3000 cavités alignées occupent une surface de 25 000 m2, soit deux hectares et demi, sur un terrain aride. La structuration des creux, leur positionnement et leur numérotation est un concept minimaliste et comme d’autres artistes minimalistes, Santiago Sierra espère trouver à travers ce projet un sens à la réalité sociale de nombreuses personnes qui ne trouvent pas leur place dans un monde global, dans un monde de frontières, de "non-lieux" où prévalent les partenariats économiques ou les relations personnelles.
Francis Alÿs, When faith moves moutains (2002), MoMA
La devise d’Alÿs pour When Faith Moves Mountains est "Effort maximum, résultat minimum". Pour ce projet épique, l’artiste a invité cinq cents volontaires à remonter une dune de sable dans la banlieue de Lima, au Pérou, en pelletant à l’unisson, déplaçant ainsi la dune de quelques centimètres. Démontrant une disproportion ridicule entre un effort et son effet, l’œuvre est une métaphore de la société latino-américaine, dans laquelle des réformes minimes sont obtenues par des efforts collectifs massifs. Les participants au projet ont donné leur temps gratuitement, renversant les principes économiques conservateurs d’efficacité et de production. Embrassant la rumeur, le mythe urbain et l’histoire orale, Alÿs vise à créer des œuvres qui se prolongent au-delà de la durée de l’événement lui-même, à travers des histoires diffusées de bouche à oreille.
Didier Courbot,, Aux jardiniers (l’ensevelissement) Installation Plastique (2011), plastiquedanseflore, versailles
Pour Didier Courbot, le Potager du Roi c’est en grande partie le travail des jardiniers qui se sont succédés au fil des années depuis sa création. Afin de leur rendre hommage l’artiste a fait réaliser une sculpture en bronze, Aux jardiniers, sculpture qui sera définitivement ensevelie dans un des carrés du Potager. C’est durant Plastique Danse Flore que le chantier d’ensevelissement aura lieu. Pendant toute la durée de l’événement, des jardiniers creusent et enfouissent la sculpture qui restera désormais invisible.
Regina José Galindo, Tierra, (2013) Solomon R. Guggenheim Museum, New York
En 2012, José Efraín Ríos Montt, l’ancien président du Guatemala, a été accusé de génocide et de crimes contre l’humanité ; la vidéo de Regina José Galindo est une réinterprétation obsédante des atrocités relatées lors de son procès. Tierra commence avec l’artiste debout, nue, dans un champ verdoyant, dont la tranquillité est brisée par un engin de terrassement. Galindo fait ici allusion à l’incident au cours duquel des citoyens innocents ont été assassinés et enterrés sans ménagement dans une fosse commune creusée par un bulldozer. Le contraste saisissant entre l’énorme masse blindée de la machine et le corps vulnérable de l’artiste traduit l’injustice du régime de Montt, tandis que l’abîme qui se creuse autour d’elle est un symbole poignant du désespoir et de l’aliénation nés de la violence politique en général, et de l’acquittement de Montt après sa condamnation en particulier.
Giuseppe Penone, série « Répéter la forêt », (Versailles).(2014)
« Arbre porte-cèdre », (2012)
Pour cette série, Penone choisit de creuser de vieilles poutres de menuiserie, pour y retrouver les noeuds originels de l’arbre dans lequel on avait taillé la poutre. Cet acte est lourd de sens, lorsqu’on pense qu’au fil des siècles, l’art a souvent été assimilé à une simple imitation de la nature. Ici Penone prend à contre-pied cette notion, car son art retrouve la nature dans ce qui a été manufacturé et transformé par l’homme. Il pose pour ainsi dire la question traditionnelle de l’art à l’envers. On peut aussi noter que ce processus rappelle la théorie de Michel ange, selon laquelle le sculpteur faisait émerger du bloc de pierre la forme qui y sommeillait à l’état latent. L’art de Penone est donc à la frontière de la remise en question des arts traditionnels, et s’inscrit dans une problématique de retour aux sources très marquée. On peut voir aussi dans ce travail la mise en évidence de la naissance, de la croissance et de la mort dans sur un même support. Dans les œuvres arbre hélicoïdal, ou cèdre de Versailles, on distingue véritablement la croissance à l’intérieur de l’arbre coupé, comme un ressouvenir, et dans les poutres « ranimées », posées sur leur base carrée, on imagine l’arbre continuer sa croissance, tout en constatant sa mort.