Peeping Tom, le sous-sol

28 Mai 2009. Théâtre de la Ville ( Les Abbesses) Paris

De et par Peeping Tom, avec Gabriela Carrizo, Samuel Lefeuvre, Franck Chartier, Eurudike De Beul.

Un monticule de terre recouvre largement toute la scène. Au milieu de cette surface terreuse, noire, irrégulière, quelque dossiers de chaises, un vieux canapé, l’assise de deux fauteuils et une table sans pied restent encore visibles à la surface. Peu de lumière, une vieille femme apparait, s’accroupit et commence à allumer et brûler une maison miniature perdue sur la scène. Voilà comment commence la pièce Sous-sol de Peeping Tom, reprise fin mai aux Abbesses, dernier volet de la trilogie comportant Le Jardin et Le Salon.

Habillée d’une robe blanche, cette vieille femme sera au fur et à mesure accompagnée d’un homme contorsionniste, d’une femme et d’un homme maigre qui vont alors se succéder dans cet univers souterrain où se (re)jouent les tensions propres aux relations et désirs inavoués.

Se succèdent alors inlassablement, seul, à deux ou à trois autant de combinaisons, liaisons, déliaisons, ruptures à même cette terre qui amortit autant qu’elle salit. C’est alors l’autre que j’aime, l’autre que je désire, l’autre auquel je suis lié, l’autre qui m’oblige, l’autre qui me contraint, l’autre que me pousse, l’autre qui le tire, l’autre qui m’enlève, l’autre qui me fait disparaître, l’autre qui m’attire, l’autre qui m’enlace, l’autre qui m’embrasse, l’autre qui me fait chuter, l’autre qui me porte, l’autre qui me rattrape, l’autre qui qui m’appelle, l’autre qui...

Un trio s’enchaîne, se fait et se défait au gré d’un lien tenace, indéfectible, violent comme le désir même qui les tient. L’impossibilité de l’assouvir, l’encombrement d’un troisième que l’on cherche à évincer. La femme est au milieu , l’homme est au milieu. Cà bouge à mesure que cette boule presque monstrueuse roule au sol sans jamais pouvoir véritablement se lever. Cette fluidité mouvante fait jour à des désirs enfouis l’espace d’un moment pour disparaitre juste après. Les rôles changent, les tensions s’étirent et font vaciller successivement ce mouvement tantôt en viol, tantôt en combat, tantôt en ébats torrides. Les limites sont fines, elles se montrent dans leur étirement.

Ca roule, çà se plaque au sol, ça chute, ça se relève, ça rebondit, ça tombe, ça s’enfouit, ça creuse, ça recouvre, ça porte, ça se relie, ça danse.

M.Perrier

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