BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES # 2
Cette invitation s’inscrit dans Bibliothèques Publiques, une suite d’événements sur la Performance et ses formes exposées. Dans l’espace bureau et documentation d’Entre-deux, Bibliothèques Publiques prend place une nouvelle fois et présente des projets, conférence et performances de Guillaume Désanges (en collaboration avec Frédéric Cherbœuf et Hélène Meisel) puis de Marie-Pierre Duquoc. Suite à la première édition en 2009 qui s’était intéressée aux formes orales et imprimées de l’art contemporain invitant Patrick Bernier et Carlos Ouédraogo, Julien Nédélec, Anne Frémy, Bibliothèques Publiques #2 rend compte de la performance comme œuvre d’art public en présentant des projets et des œuvres qui déplacent sujet, actes performatifs et public dans des contextes extérieurs aux lieux de présentation habituels de l’art (musées, galeries, centre d’art,…). Les expositions de Guillaume Désanges puis de Marie-Pierre Duquoc montrent notamment la capacité de la performance à développer des moments publics et/ou à mettre le spectateur en posture contemporaine en lui proposant d’être à la fois récepteur et co-producteur d’un projet, d’une œuvre.
Un projet proposé par Guillaume Désanges (en collaboration avec Frédéric Cherbœuf) Avec : Codrin Sefaniu, Maria Munteanu, Mihaela Dana, Elena-Katalina Nastasa, Anca Benoni, Andreea Costin, Tudor Cazacu.
Supposons que l’histoire de la performance dans l’art peut être lue comme une histoire du silence face au discours sur l’art. Comme un art du geste, immédiat et muet, régressif et précaire. Un retour à un certain primitivisme, une forme archaïque de communication. Une communication opérant avant même le langage, et qui se révèle alors universelle. Prenons comme point de départ que la performance est peut-être une alternative aux mots de l’art. Sachant par ailleurs que l’étymologie latine du mot "enfance" est "in-fans", soit ce qui est "avant le langage." Il apparaît intéressant de confronter deux univers qui sont peut-être plus proches l’un de l’autre qu’il n’y paraît : l’art de performance / le body art et l’enfance. ’Child’s Play’ a commencé à Iasi en 2008 par un workshop que j’ai organisé avec sept enfants roumains âgés de huit ans. Cet atelier a été l’occasion de confronter ces enfants volontaires à la performance et au body art en les amenant à rejouer, réinterpréter quelques gestes iconiques de cette histoire. En une semaine, nous avons ainsi relu plus de 50 performances, des Futuristes et Dada jusqu’à Paul McCarthy et Francis Alÿs. Dans un premier temps, je leur ai parlé du body art et de la performance pour leur présenter ce type de création radical, difficile et exigeant en tentant de le rendre accessible, en travaillant dans l’esprit d’un jeu. L’atelier était une expérience très exigeante et belle, un mélange de travail et de folie, d’excitation et de précision. L’idée était de travailler dans un esprit espiègle et joueur avec ces protagonistes qui sont dans une relation immédiate, positivement naïve et par conséquent sans aucun complexe avec une histoire des formes. En impliquant ces enfants dans ce projet il était aussi question pour moi de transmettre les notions d’énergie, d’amour immédiat et cette relation fondamentalement curieuse et expérimentale au monde, essentielles selon moi pour envisager la performance et le body art. La forme finale du projet est une exposition qui présente les traces de cette expérience : un diaporama, des dessins faits par les enfants et une autre vidéo retraçant le making-off de l’expérience.
Une Histoire de la performance en 20 minutes Une conférence de Guillaume Désanges avec Hélène Meisel
« Tenter une histoire du corps dans l’art comme une histoire du silence face au discours sur l’art. Décontextualiser la performance de son environnement historique. Simplement montrer comment l’histoire de l’art a - à un moment donné et pour certains - engendré des gestes, et non plus des objets. (Et surtout : non plus des discours). Ainsi observée, de façon purement formelle, l’histoire de la performance, ou du body art, n’est pas alors, une histoire de représentation du corps mais exclusivement une histoire de gestes. A peine esquissés : déjà morts. » GD Une histoire de la performance en 20 minutes est une conférence qui vise à séparer en 10 gestes l’histoire de la performance : 1– Apparaître, 2 – Recevoir, 3 – Retenir, 4 – Fuir, 5 – Viser, 6 – Chuter, 7 – Crier, 8 – Mordre, 9 – Se vider, 10 – Disparaître. Cette conférence peut-être considérée comme une exposition vivante. Depuis 2004, la conférence a été présentée dans des institutions comme : Artists Space (New York), U-TURN (Copenhague), Centre Pompidou (Paris), De Appel (Amsterdam), Centre d’Art Santa Monica (Barcelone), Cooper Union (New York), WIELS (Bruxelles), Frankfurt Kunstverein (Francfort), Musée des Abattoirs (Toulouse), MAC-VAL (Paris), Le Magasin (Grenoble), FRAC PACA (Marseille), STUK (Louvain), Nam June PAi,k Center (Séoul), Gasworks (Londres) Ecole des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand, Ecole des Beaux-Arts de Lyon, Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, TPW Gallery (Toronto), etc.
Guillaume Désanges est critique d’art et commissaire d’exposition indépendant. Cofondateur et co-directeur de Work Method, structure indépendante de production. Membre du comité de rédaction de la revue Trouble et correspondant français pour les revues Exit Express et Exit Book (Madrid). Il a coordonné les activités artistiques des Laboratoires d’Aubervilliers (2001-2007). En 2007-2008, il est chargé de la programmation du centre d’art la Tôlerie, à Clermont-Ferrand. En 2009-2011, il est commissaire invité au centre d’art le Plateau-Frac Ile de France, Paris, pour une programmation de deux ans. http://guillaumedesanges.com/