Colloque international
14 octobre 2017
9h-18h
Institut ACTE Amphithéâtre
UFR d’Arts Plastiques et Sciences de l’Art Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne,
45-47 rue des Bergers,
75015 PARIS
Métro Lourmel, Charles Michel ou Boucicaut
Présentation
Le terme « théâtralité » utilisé par Michael Fried dans son célèbre article « Art & Objecthood » pour critiquer un résidu de méthodologies théâtrales au sein de l’art minimal, renvoie aujourd’hui à une dimension artistique moins péjorative. Il mettrait en effet en lumière un principe clef de la performance : le processus propre à la performance prendrait sa forme au moment de son effectuation, et tiendrait compte de l’ensemble des paramètres en présence à ce moment là, dont le spectateur. Cet éclairage est cependant complexe et bien souvent paradoxal, car il ne résonne pas de la même manière en histoire de l’art, en danse ou en théâtre, il recouvre des champs et des objets différents. Peut-on par exemple adosser la théorie de Hans-Thies Lehmann à propos du théâtre postdramatique à celle de Michael Fried sur la notion de théâtralité, pour expliciter la notion de performance ? Comment comprendre l’injonction de nombre d’artistes, comme Allan Kaprow à placer des gestes supposés performatifs, comme les Happenings ou les Activities, dans une zone explicitement « non-théâtrale » ? Et plus généralement suffit-il de quitter le lieu dit « théâtre » pour abandonner la théâtralité ? Croiser les méthodologies, comme les points de vue sur ce thème nous semble porteur d’innovations conceptuelles dans la mesure où notre objet de recherche : la performance, cristallise les termes de théâtralité et d’antithéâtralité, tant dans le champ du théâtre, de la danse que dans celui des arts plastiques, sans pour autant toujours recouvrir les mêmes productions ni les mêmes enjeux théoriques. La performance hérite donc de façon critique les méthodologies du théâtre, elle tente de s’en débarrasser pour sortir de l’idée du spectaculaire et s’approcher davantage de la vie réelle.
Avec : Christian Biet, Esa Kirkkopelto, Flore Garcin Marrou, Paola Ranzini, David Zerbib, Romina De Novellis, Jean-Philippe Antoine, Garance Dor et Roland Huesca.
Colloque organisé par Barbara Formis (MCF, Univ. Paris 1) en collaboration avec Aurore Desprès (MCF, Univ. Franche-Comté) et Sandrine Ferret (PR, Rennes 2).
Matin
8h45 : Accueil des participants
9h00 : Introduction par Barbara Formis, Aurore Després et Sandrine Ferret
9h30-11h Modération Sandrine Ferret (PR, Rennes 2)
: Garance Dor (comédienne et prof agrégée des arts Plastiques) L’incorporation de la performance au théâtre
10h15 : Flore Garcin-Marrou (MCF, Toulouse Jean Jaurès) L’incorporation du théâtre dans la performance
11h00 : Pause
11h15-13h : Modération : Paola Ranzini (PR, Univ. d’Avignon)
Christian Biet, (PR, Université Paris Nanterre, IUF) Pour une extension du domaine de la performance (suite)
12h00 : David Zerbib (HEAD Genève et Université de Paris 1) Performance et répétition. A propos d’un critère interne de structuration du champ performantiel.
13h00 : Pause déjeuner
Après-midi
14h30-16h00 Modération : Aurore Després (MCF, Univ. Franche-Comté)
14h30 : Roland Huesca (PR, Univ. de Lorraine) Autofiction ? La trame imaginaire du je.
15h15 : Romina De Novellis (artiste performeuse, doctorante à l’EHESS) Straniamento et rites : sortir de la mise en scène sans quitter la théâtralité
16h00 : Pause Modération : Barbara Formis (MCF, Univ. Paris 1)
16h15 : Esa Kirkkopelto (PR, Univ. Helsinki) Théâtre de gestes
17h00 : Jean-Philippe Antoine (PR, Univ. Paris 8) Moule, muse, méduse : reprise, geste et inappropriation
17h45 : Conclusion suivie d’un cocktail
Résumé des interventions
PRESENTATION DETAILLEE DE CHAQUE INTERVENTION
Garance Dor : L’incorporation de la performance au théâtre.
La performance s’est installée sur la scène contemporaine de Rodrigo Garcia à Roméo Castellucci ou encore à Angelica Liddell. C’est là, croit-on, un paradoxe ou un comble au regard de la défiance voire du rejet catégorique qu’ont pu avoir certains artistes emblématiques de la performance. Ainsi Marina Abramovic aurait énoncé ces propos tranchants en parlant de sa vision de la performance dans des propos relatés et publiés en 2010 par le journal Guardian : « Pour être une performance artist, il faut haïr le théâtre. Le théâtre est faux ; il y a une boîte noire, vous payez votre ticket et vous vous asseyez dans le noir et vous voyez quelqu’un jouer la vie de quelqu’un d’autre. Le couteau n’est pas réel, le sang n’est pas réel et les émotions ne sont pas réelles. La performance, c’est exactement le contraire : le couteau est réel, le sang est réel, et les émotions sont réelles. C’est un concept très différent. C’est à propos de la vraie réalité . » Pourtant la performance s’est immiscée dans le théâtre par des gestes, des actions réelles incluses dans un contexte théâtral. La pièce est trouée de réel, heurtant le simulacre dans une confrontation perpétuelle entre le cadre spectaculaire et le geste non simulé. Cette appropriation du vrai, du réel au sein d’un art d’imitation interroge car il crée un trouble entre le vrai et le faux. C’est ce que Joseph Danan a appelé « des effets de réel ». La performance est-elle théâtralisée ou le théâtre est-il performé ? Le théâtre contemporain incorpore la performance qui n’est plus isolée et distincte mais faisant partie d’un ensemble, tissée au reste de la pièce. Mais la performance n’incorpore t-elle pas le théâtre depuis son origine, peut-on face à un public se débarrasser de la théâtralité ? Nous aborderons par une étude de cas comment la performance est utilisée au sein de la représentation théâtrale dans les pièces de Roméo Castellucci, Rodrigo Garcia et Angelica Liddell et quels sont les enjeux de ces choix artistiques. Nous faisons l’hypothèse que l’appropriation de la performance par les artistes du théâtre contemporain n’est sans doute pas un paradoxe ou une dissolution du potentiel subversif de la performance mais bien une confrontation, un électrochoc contre le spectacle au sein du spectacle même.
Flore Garcin-Marrou : L’incorporation du théâtre dans la performance
La mise au ban du théâtre par les avant-gardes, et en particulier par la performance, peut avoir de réelles justifications esthétiques, mais peut également sonner comme un cliché, une posture opportuniste ou le symptôme de la libéralisation des scènes contemporaines. Questionnant cette détestation et cette mise à distance, on s’attachera plus particulièrement à analyser la survivance du texte, de la parole et surtout de l’« histoire à raconter » au sein des arts performatifs. Pour illustrer cette problématique, notons que lorsque Peter Schumann, fondateur de la compagnie Bread and Puppet Theatre, travaille dès le début des années 1960, dans le studio de Merce Cunningham avec Yvonne Rainer, il déclare rapidement ne pas se sentir liés avec ceux qu’il nomme les happeningers : Cage, Kaprow, Cunningham. « Qui peut dire que ce mouvement musculaire a un sens ? » se demande Schumann, à propos du travail d’intensité de Cunningham ? « Pour qu’il ait un sens, il ne suffit pas de le porter à son plus haut degré d’intensité, il faut user de comparaisons avec le milieu social où l’on vit, ou bien avec les histoires qu’on a lues ». Schumann recherche alors un langage simple, clair, efficace qui lui permette de raconter les nouvelles du monde – la théâtralité propre à la marionnette lui permettra alors de conjuguer événement, communauté du geste, texte, dramatisation politique.
Christian Biet : Pour une extension du domaine de la performance (suite)
On reviendra ici sur la définition « neutre » de la performance et du performer : ne pas seulement faire, mais montrer qu’on fait, se placer dans un lieu qui convie d’emblée les partenaires de la relation de communication à s’intégrer dans un système d’interaction spécifique qui consiste d’abord à regarder et entendre les activités qu’on montre qu’on fait. Dès lors la performance ne supposera pas nécessairement (mais, à la différence de la « forme performance », n’interdira pas forcément) qu’il y ait un rôle à jouer, un espace dramatique à constituer, quelque chose comme de la représentation, mais soulignera qu’il y a là une action présente se donnant comme objet des regards. En cela, le performer peut être aussi bien un comédien, qu’un danseur, un chanteur, un peintre, un récitant, etc., qui manifeste une présence scénique dans un cadre privilégié, distinct du (et compris dans le) cadre général de la séance : le performer est alors là pour ce qu’il est en train de faire et la performance est là pour exister comme événement regardé. Dans ce cadre, le théâtre, au XXIe comme aussi auparavant, au XVIIe ou au XVIIIe siècles, est avant tout le lieu des performances, un lieu d’où l’on voit et d’où l’on entend des corps durant un laps de temps donné, un lieu où ces corps (le corps des exécutants, ou plutôt le corps des regardés) manifestent à d’autres corps (le corps des regardants) des paroles, des signes discursifs ou physiques, sans qu’il y ait nécessairement de séparation entre ces corps, de quatrième mur, ou de rideau quelconque. Dans ce lieu, et devant ou parmi des regardants qui eux aussi peuvent agir, voire être regardés, les exécutants-regardés sont en mouvement, parlent, chantent à l’intérieur d’un espace qui fait système et qui comprend des objets (décors, costumes, accessoires) qui eux-mêmes entretiennent une série de rapports interactifs avec l’ensemble des corps animés et présents. C’est cette multiplicité de lieux et d’espaces enchâssés qui intrigue, c’est ce présent et cette présence qui fascinent et permettent qu’il y ait là une série de démarches esthétiques, sociales, cognitives, sensorielles, etc. C’est donc cet ensemble complexe qu’il faut analyser, et c’est en réaction, ou en opposition, à cette croyance presque exclusive en un théâtre dramatique, que la pratique de la performance, d’une part, et que les études théâtrales, de l’autre, se sont mises en place.
David Zerbib : Performance et répétition. A propos d’un critère interne de structuration du champ performantiel.
Face à la difficulté à laquelle se heurte toute ontologie de la performance qui chercherait à définir intensivement le propre de la performance dans sa présence vivante ou dans sa manière de n’être ni véritablement définissable ni situable ; face également à l’extrême extension du champ de la performance tel que les Performance Studies l’ont cartographié de façon dynamique et entropique, il nous faut peut-être examiner une stratégie théorique complémentaire ou alternative susceptible de répondre au problème de l’intelligibilité de la performance et des relations entre ses manifestations. Si la question de la théâtralité ou du spectacle, entre autres termes de discrimination critique incontournables, semblent à première vue pouvoir soutenir une telle entreprise, il peut apparaître problématique de fonder sur un cas particulier la structuration de ce que nous appellerons le champ performantiel. La théâtralité – avec ou sans théâtre – n’implique-t-elle pas en effet un certain régime de spécularité de l’acte qui peut ne pas présenter de nécessité pour la performance ? Quant au spectacle, ne répond-t-il pas aux attendus exogènes d’une économie de la représentation culturellement et historiquement déterminée ? Aussi, plutôt que d’identifier la performance dans le dépassement de points limites qui constituent en réalité des cas particuliers de son champ d’extension naturel, ne faut-il pas partir au contraire de l’extrême extension du champ performantiel pour ensuite identifier les principes structurels internes autour desquels varient les pratiques ? Nous proposons d’examiner à cet égard le critère de la répétition. Série, répétition théâtrale, restauration du comportement, survivance, reprise, re-enactment… Comment la performance se répète-t-elle ? En référence notamment à Différence et répétition de Gilles Deleuze, nous verrons dans quelle mesure la compréhension et la structuration du champ performantiel dépend de la réponse à cette question, qui implique un lien essentiel entre performance et répétition.
Roland Huesca : Autofiction ? La trame imaginaire du je.
"Au cours du XXe siècle, le monde des arts a aimé mettre en scène une véritable anthropologie de l’existence. En 1977, dans le champ de la littérature, Serge Doubrovsky a cristallisé ce moment en lançant le terme d’autofiction à l’occasion de la sortie de son roman Fils. Nommer la chose, c’était alors montrer que certians modes d’existence du réel pouvaient être une source d’inspiration digne d’intérêt pour faire œuvre. Cependant, Maurice Merleau-Ponty l’a montré, la texture du réel est toujours tissée d’imaginaire. Aussi, en prenant des exemples dans les domaines de la danse et de la littérature, il s’agira d’étudier le pourquoi et le comment de l’émergence de ce terme d’autofiction et d’analyser les enjeux sous-jacents à ces différentes mises en scène d’un soi résolument singulier et pluriel".
Romina De Novellis : « Straniamento » et rites : sortir de la mise en scène sans quitter la théâtralité
L’introduction du rite dans ma pratique artistique m’a permis de sortir du théâtre pour y préférer une dimension collective et sociale. La répétition du geste, en une dimension spatio-temporelle précise, crée une coupure entre le temps quotidien et le temps du rituel : c’est dans cette interruption du temps « normal » que ma performance sort du théâtre, tout en gardant une certaine théâtralité. Dans cette relation au corps, au temps et à l’action du rituel, le spectateur vit un état de « straniamento » face à l’étrangeté de l’action performative qui rappelle tellement d’autres formes de représentations déjà connues : un sens d’aliénation et de imprévisibilité s’impose à la relation entre l’artiste et le public. Entre rite et « straniamento », les comportements « hors norme » de l’action performative deviennent le lien entre la théâtralité, l’action qui se déroule, le temps et la vision du spectateur. Une sorte de dimension « kaléidoscopique » s’impose au quotidien et rompt avec le confort de la routine théâtrale, pour devenir performance et installation corporelle dans la vie réelle.
Esa Kirkkopelto : Théâtre des gestes
Contrairement au préjugé commun concernant la supposée critique de Michael Fried contre la « théâtralité » dans les arts, il s’agira de soutenir l’idée que Fried soutient et ne s´oppose pas à la corporéité. L’objet de sa critique c´est la possibilité de la corporalité cachée comme condition fondamentale du spectacle. Mais comment révéler le corps au théâtre, sans retomber dans la sacralisation, la sublimité, la fétichisation ou les jeux identificateurs ? L´idée du théâtre de l´avenir comme théâtre des gestes se présente comme une option séduisante, mais suscite des questions théoriques concernant le rapport entre geste, corps, scène et leur pluralité. L´expérimentation contemporaine dans les domaines du théâtre de participation ou immersif, de la chorégraphie sociale et de l´art activiste, mettent en avant des aspects politiques et éthiques de ces questions. Selon l´argument développé dans de cette présentation, depuis les années 1960, la discussion au sujet a hypostasié l´idée de la scène comme synonyme du théâtre et de la théâtralité, ce qui a nourri des prises de positions dialectiques sur le sujet. Cependant, une option qui jusqu´alors n´a pas été étudiée c´est que la scène elle-même, comme dimension, puisse subir une transformation. –Mais que cela veut-il dire en pratique, et en théorie ? La clé pour l´entendre consiste à saisir l´aspect partiel des opérations scéniques, ce qui concerne aussi bien les gestes que les corps en performance.
Jean-Philippe Antoine (PR, Univ. Paris 8) : Moule, muse, méduse : reprise, geste et inappropriation
Une communication consacrée à Marcel Broodthaers, donnée en 2005 lors d’un colloque romain qui s’interrogeait sur la présence de la Muse dans l’art visuel moderne et contemporain, s’est transformée l’année suivante en une conférence-performance, qui a donné lieu entre 2006 et 2012 à plusieurs présentations dans des lieux variés,. On décrira les modes et gestes qu’emploie cette performance pour effectuer simultanément une reprise des motifs artistico-politiques explorés par Broodthaers et la monstration critique de ses procédés et apories. On s’attachera aussi à mettre en valeur la puissance des contextes dans la réception de ce « pauvre spectacle » et de ses enjeux.
Biographies
Barbara Formis est Maître de Conférences en Philosophie de l’Art et Esthétique, Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, directrice de l’équipe EsPAS, Esthétiques de la Performance et Arts de la Scène, Institut ACTE, UMR 8218, CNRS, co-directrice du Laboratoire du Geste.
Aurore Despres est maître de conférences en arts du spectacle à l’Université de Franche-Comté, membre d’ELLIAD (EA 4661) et chercheur associée d’EsPAS de l’institut ACTE - Paris 1. En lien avec sa pratique de danseuse et de chorégraphe, ses recherches portent sur les logiques de la perception et du geste, du temps et de l’archive dans le champ de l’art chorégraphique contemporain et des nouvelles esthétiques de la danse à la croisée des arts plastiques et de l’art performance. Conceptrice du fonds d’archives audiovisuelles en ligne FANA Danse & Arts vivants, responsable du Diplôme Universitaire Art, danse et performance (2011-2014), elle a dirigé dernièrement l’ouvrage collectif Gestes en éclats, Art, danse et performance, Presses du réel, 2016.
Sandrine Ferret est Professeure en Arts plastiques à l’université Rennes 2, directrice de l’équipe d’accueil PTAC (Pratique et Théorie de l’Art Contemporain) EA 7472. Ses dernières publications concernent d’une part la photographie contemporaine et son rapport au paysage, d’autre part la question du genre telle qu’elle se pose dans le cadre des pratiques artistiques, le rapport corps pouvoir est à ce titre le fil conducteur de ses réflexions.
Paola Ranzini est Professeur d’Études théâtrales et études italiennes à l’Université d’Avignon, ses recherches portent sur le théâtre européen, du XVIIIe siècle à nos jours. Elle a mené à bien un programme pluriannuel de recherche sur la citation au théâtre (« La citation au théâtre », Parole rubate/Purloined Letters, no 15, juin 2017) et, dans le cadre d’un projet cofinancé par la Commission Européenne, sur les cinq sens au théâtre (« Il teatro e i sensi », Itinera, no 13, juin 2017). Parmi ses derniers ouvrages : Théâtre italien contemporain : des auteurs pour le nouveau millénaire (2014) et le volume collectif : Littératures de la Corne de l’Afrique : regards croisés (2016) où elle propose une étude des formes narratives du théâtre « migrant » postcolonial.
Flore Garcin Marrou Flore Garcin-Marrou est Maître de conférences en études théâtrales à l’Université Jean Jaurès de Toulouse, associée par Barbara Formis à l’équipe Espas de l’Institut ACTE (Université Paris 1/CNRS). Après avoir soutenu une thèse en 2011 à l’Université Paris-Sorbonne sur « Gilles Deleuze, Félix Guattari : entre théâtre et philosophie » sous la direction de Denis Guénoun, elle co-fonde le Labo LAPS, groupe de recherche indépendant menant une philosophie de terrain, dont le terrain est la scène de théâtre. Organisatrice d’un colloque international sur les liens entre théâtre, performance, philosophie à l’Université Paris-Sorbonne en 2014 (avec pour keynotes Judith Butler, Avital Ronell, Alphonso Lingis, Catherine Malabou, Martin Puchner), elle est aussi membre du réseau Performance philosophy et d’EASTAP (European Association For the Study of the Theatre and Performance). Elle est membre des comités de rédaction des revues Chimères et Thaêtre. Roland Huesca est Professeur au département « Arts » de l’Université de Lorraine. Spécialiste de danse, il a publié dernièrement La danse des orifices : étude sur la nudité, Paris, Jean-Michel Place, 2015, 220 p., Danse, art et modernité : au mépris des usages, Paris, PUF, 2012, 264 p. et L’Écriture du (spectacle) vivant, Strasbourg, le portique, 2010, 181 p. Il dirige la collection La vie des œuvres !/ ? aux éditions Jean-Michel Place et collabore à la revue Critique d’art.
Garance Dor est comédienne, auteur metteur en scène. Professeur agrégé d’arts plastiques, elle a également créé avec Vincent Menu la revue d’artistes Véhicule qui a pour objet de recherche la partition. Elle a travaillé avec de nombreux metteurs en scène et a été l’assistante de Stanislas Nordey à l’Ecole Supérieure du Théâtre National de Bretagne pendant plusieurs années. Elle est chargée de cours et doctorante à l’Université Rennes 2 depuis la rentrée 2017.
Christian Biet est Professeur d’Histoire et esthétique du théâtre à l’Université de Paris-Nanterre et membre de l’Institut Universitaire de France. Ses principaux travaux portent, d’une part, sur la littérature de la première modernité (XVIe-XVIIIe siècles) et sur les questions juridiques et économiques et leur réfraction dans la littérature, d’autre part sur l’histoire et l’esthétique du théâtre. Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages dont Qu’est-ce que le théâtre ?, (avec Ch. Triau, Gallimard, coll. « Folio essais inédit », 2006 ; direction de Théâtre de la cruauté et récits sanglants (France XVIe-XVIIe siècle), coll. « Bouquins », Laffont, 2006 ; Tragédies et récits de martyre (France, fin XVIe-début XVIIe siècle), dir. Ch. Biet et M.-M. Fragonard, Classiques Garnier, 2009. Il est aussi secrétaire général de la revue Théâtre/Public. Dans le cadre de ce colloque, on signalera la co-direction (avec Sylvie Roques) du numéro 92 de la revue Communications sur la performance (Seuil, 2013).
David Zerbib enseigne la Philosophie de l’art à la HEAD – Haute Ecole d’Art de Design de Genève et coordonne l’Unité de Recherche de l’Ecole Supérieure d’Art Annecy Alpes. Rattaché au centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne (PhiCo), axe Culture Esthétique et Philosophie de l’Art (CEPA) de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ses recherches portent sur la philosophie de l’art contemporain et la question de la performance. Il a dirigé récemment la publication de In octavo. Des formats de l’art (Presses du réel /ESAAA, 2015) et a co-édité Performance Studies in Motion, International perspectives and practices (Editions Bloomsbury, Londres, 2014).
Esa Kirkkopelto (né 1965) est philosophe, artiste-chercheur et meneur du collective des arts vivants ”Other Spaces”. Depuis 2007, il a travaillé comme professeur de la recherche artistique à University of the Arts Helsinki. Sa recherche vise la déconstruction du corps et des pratiques scéniques dans le théâtre contemporain. Depuis 2008, il a mené un projet de recherche collective ”Actor´s Art in Modern Times” sur la tradition de l´entraînement psychophysique des acteurs. Il est le membre de la comité éditoriale de la revue Theatre, Dance and Performance Training. Il est l´initiateur de ”International Platform for Performer Training”. Il est un des meneurs de la société ”Performance Philosophy”. Docteur en philosophie, 2003 Université Marc Bloch, Strasbourg. L´Auteur de Le Théâtre de l´expérience. Contributions à la théorie de la scène, PUPS 2008.
ROMINA DE NOVELLIS, (Naples 1982), a grandi à Rome, elle vit et travaille à Paris depuis 2008. Artiste performeuse, représentée par la galerie Alberta Pane à Paris et à Venise, par Kreemart à NY et par D.A.F.NA à Naples. Elle est actuellement en thèse en anthropologie à l’EHESS. Invitée par Barbara Formis, elle est professionnelle associée à l’équipe EsPAS au sein de l’Institut Acte. Ses performances ont été montrées entre autres : au Palais de Tokyo, à la FIAC, à Armory Show à Paris, au Musée MADRE de Naples, à la Friche Belle de Mai à Marseille, au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris, au Musée des Arts et Métiers à Paris, à l’Espace Louis Vuitton à Paris, à plusieurs Biennales d’art contemporain (Venise, Le Caire, Poznan, Mongolie).
Jean-Philippe Antoine enseigne l’esthétique et la théorie de l’Art contemporain au département d’Arts plastiques de l’Université Paris 8. Il a publié notamment La traversée du XXe siècle. Joseph Beuys, l’image et le souvenir (MAMCO/Presses du réel, 2011) et Marcel Broodthaers. Moule, Muse, Méduse (Presses du Réel, 2006), et co-dirigé avec Christa Blumlinger Morgan Fisher : un cinéma hors-champ ? (Presses du réel, 2017), ainsi qu’avec Catherine Perret Les artistes font des histoires (Le Genre humain, n° 55, 2015). Plasticien, il mène des travaux sur des supports multiples : peintures, constructions, installations, performances sonores et conférences (dont Conférences avec lieu de travail, Faux-Mouvement, Metz, 2013). Il a notamment publié chez Firework Edition Records Oui (2017), et en collaboration avec Leif Elggren, Live at Le 69 (2014). Sa traduction des Conférences sur l’Affinité de la Peinture avec le reste des Beaux-Arts de Samuel F. B. Morse est à paraître cet automne (Les Presses du réel), ainsi qu’un recueil de textes critiques sur l’historiographie de l’art (Farces et attrapes, MAMCO/Presses du réel).
Projet scientifique et étapes à venir Ce colloque est le premier volet d’un projet scientifique intitulé Performances/Scènes du Réel qui vise à développer et à augmenter les réflexions et la mise en place d’un réseau national et international autour de la notion de performance conçue à la fois comme art, pratique, relation, objet et méthode de recherche dans les champs interdisciplinaires des arts, de l’étude des cultures, de la philosophie et de l’esthétique. La performance suppose une action jouée au présent qui implique une relation vécue entre le corps de l’acteur et celui du spectateur. Ce projet interroge cette relation à partir de trois notions qui sont abordées de façon critique : la théâtralité, le jeu, l’institution. Ces trois termes ont été choisis dans la mesure où ils concernent tant la performance dansée, que la performance théâtrale ou celle menée au sein des arts plastiques à partir des années 1960. Le rapport au spectateur, la place du jeu et le rapport à l’institution sont envisagés dans chacune de ces disciplines à partir des théories et des méthodologies qui leur sont propres. Il s’agit donc de croiser ces différentes approches, à partir de ces trois points d’ancrage, pour ensuite les interroger et les analyser de façon critique. Ainsi, la théâtralité peut être confrontée aux gestes de la vie ordinaire et à l’anti-théâtralité ; le jeu à l’acte performatif et l’institution à la subversion émancipatrice. De façon plus générale, la performance est confrontée au monde réel, lui-même entendu comme une « scène » : interpellant de manière générique les concepts de « scène » et de « réel », il s’agit de manière plus programmatique d’engager les réflexions, débats et découvertes en réinvestissant de manière renouvelée et critique la « théorie de la performance » dans ses dimensions esthétiques et politiques.
Réunissant des chercheurs, théoriciens, artistes, critiques et acteurs culturels, le projet s’organise autour de trois équipes de recherche : l’équipe ESPaS (Esthétique de la Performance et des Arts de la Scène – Institut Acte, Paris 1 Panthéon-Sorbonne) ; l’équipe Arts et Lettres – Laboratoire ELLIADD, Université de Bourgogne-Franche-Comté et le Département Arts en collaboration avec le pôle de recherche « Le corps de l’artiste » de l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon (ISBA) ; l’équipe PTAC (Pratiques et théories de l’art contemporain), EA 7472, Université de Rennes 2, en collaboration avec Le Musée de la danse – (Centre Chorégraphique National) et Les archives de la critique d’art.
A venir en 2018
Performance/Scènes du réel #2 : Jouer ou performer : l’acte performatif en question
Lieu : Besançon UFR SLHS
Date : le 4 avril 2018 de 9h à 17 h + soirée performances dans le cadre d’Excentricités, Rencontres autour de la performance, ISBA à partir de 18h.
Performance/Scènes du réel #3 : Corps critiques, subversion et rapport à l’institution
Lieu : Rennes (Musée de la Danse)
Date : à confirmer