Une exposition de Céline Poulin, Marie Preston et Stéphanie Airaud
Du 4 février au 23 avril 2017
Avec Esther Ferrer, Núria Güell, Adelita Husni-Bey, Leigh Ledare, Devora Neumark, Christian Nyampeta, Marie Preston, Sébastien Rémy, Till Roeskens et Cyril Verde.
Vernissage le samedi 4 février à partir de 18h, à l’issue de la journée d’étude
Pour créer ensemble, au début, il faut accepter l’indétermination et accueillir l’antagonisme, puis tâtonner, laisser advenir les discussions et travailler les ajustements. Ces points de départ et ces processus de création nous semblent favoriser—qu’elle qu’en soit l’issue—la construction des relations et la créativité de chacun.
Oui (je te coupe, excuse-moi), depuis le temps qu’on en parle—mais a-t-on jamais assez de temps pour la conversation ?—à votre avis, à quel moment arrive la multiplicité des voix ? Le « je » qui se mêle au « nous » ? Mais y a-t-il simplement un « nous » ?
Et ensuite ? Quel est le devenir de ces paroles échangées ? Art ? Empowerment ? Actions sociales ? Et les objets et les mots qui en émergent ? Leur réception ?
Pour moi, ce qui est important, c’est que la voix est « radicalement sociale autant qu’individuelle, [elle] signale la manière dont l’homme se situe dans le monde et à l’égard de l’autre » (Paul Zumthor).
C’est pourquoi des prises de parole seront incluses dans l’exposition. On ne dissocie pas les différentes modalités d’énonciation (quotidienne, universitaire, poétique, issue des œuvres, des processus, des recherches théoriques…), on pense un dispositif spécifique pour accueillir les échanges. On expose des paroles et leur évanescence, mais aussi ce qu’elles produisent, ou du moins une partie. On imagine entendre les diverses interventions résonner avec les œuvres et documents matérialisés.
Reprenons un extrait du texte scientifique écrit pour préparer les deux journées d’étude : « nous nous attacherons […] à penser la manière dont chaque individu à la rencontre de l’Autre voit résonner en lui les voix multiples qui l’habitent. La création coopérative rend sensible cet état où chacun tente de jongler habilement avec cette multitude intérieure. »
Intérieure mais aussi extérieure je pense. Dans l’oralité, il y a un va-et-vient entre le collectif et l’individuel : chaque mot ou parole est imprégné d’une mémoire qui s’amplifie et se modifie dans les échanges. Il y a une actualisation du soi et du nous à chaque moment. Et dans cette importance de l’ici et maintenant, se mêlent le passé et l’avenir. Cette mémoire est aussi celle des significations et des contextes différents dont est chargé chaque mot énoncé par autrui.
Comment traduire alors ? D’une subjectivité à l’autre, d’un imaginaire à l’autre, d’une langue à l’autre…
Tu penses que c’est possible ?
Oui. Mais seulement si la traduction rend compte de la présence de l’autre en nous et dans nos langages.
La traduction n’est-elle alors pas simplement une autre façon d’appeler ces tentatives artistiques construites autour de l’expérience de l’altérité ?
Hum… Tu crois ?
— -
Vocales, un projet en partenariat avec le MAC VAL Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne, l’équipe de recherche Teamed(AIAC) et l’ Université Paris VIII Vincennes - Saint-Denis, la Villa Vassilieff, la plateforme de recherche « Pratiques d’hospitalité » initiée et coordonnée par Simone Frangi et Katia Schneller à l’ÉSAD •Grenoble, l’UQAM | Université du Québec à Montréal, La Galerie CAC Noisy-le-Sec, la Médiathèque de Brétigny-sur-Orge, le Théâtre Brétigny Scène Conventionnée Dedans Dehors et avec le soutien de Fluxus Art Projects et de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques.
— -
INFOS PRATIQUES
CAC Brétigny Centre d’art contemporain Rue Henri Douard 91220 Brétigny-sur-Orge +33 (0)1 60 85 20 78 info@cacbretigny.com cacbretigny.com
Entrée libre. Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h et le dernier dimanche de l’exposition. Nocturnes les soirs de représentation au Théâtre.
Accès depuis Paris en RER C (30 minutes environ) : Toutes les quinze minutes trains BALI, DEBA, DEBO, ELBA direction Dourdan, Saint-Martin d’Étampes, arrêt Brétigny. De la gare de Brétigny, suivre la direction Espace Jules Verne, prendre le boulevard de la République, continuer sur la place Chevrier, prendre légèrement à droite sur la rue Danielle Casanova, et au rond-point prendre la première sortie rue Henri Douard.
Accès en voiture : Depuis Paris, A6 direction Lyon, sortie Viry-Châtillon, Fleury-Mérogis, puis Brétigny centre. Depuis Évry, francilienne direction Versailles, sortie 39B direction Brétigny. Depuis Versailles, francilienne direction Évry, sortie Brétigny centre.
Pour venir en covoiturage, rejoignez le groupe BLABLACAC(B).
ENGLISH
To create together, initially you have to accept indetermination and welcome antagonism, then grope around in the dark, let discussions happen, and work the adjustments. These starting points and creative processes, regardless of their outcomes, seem to favor the making of connections and the creativity of everyone.
Yes (I’m breaking in, sorry), ever since we’ve been talking about this (does anyone ever have enough time for conversation ?), in your opinion, at what moment does a multiplicity of voices arise ? The “I” that fuses with the Us ? And is there an “Us” ?
And then ? What is the future of these words we’ve exchanged ? Art ? Empowerment ? Social initiatives ? And the objects and words that emerge from that ? Their reception ?
In my opinion, what’s important is that voice is “radically social as much as it is individual, [it] indicates the way human beings place themselves in the world and with respect to others.” (Paul Zumthor)
Which is why spoken remarks will be included in the exhibition. You don’t dissociate different modalities of speech (day-to-day, academic, poetic, emerging from the artworks, processes, theoretical research, etc.) ; and a specific arrangement for welcoming interactions can even be imagined. Words and their transience are on view.The exhibits are words and their evanescence, but also what they produce, or at least part of it. The different talks seem to echo the works and documents that have sprung up.
Let’s take an excerpt of a scientific paper written in preparation for the two days of research : “We endeavor… to imagine the way each individual, in coming into contact with the Other, sees the many voices living in him. Cooperative artmaking brings out that state in which each person tries to skillfully juggle with that inner multitude.”
Inner but also outer multitude, I think. Orality involves a back-and forth between the collective and the individual. Every word or utterance is charged with a memory that gets amplified and modified during the exchanges. There is a moment-by-moment actualization of the individual and collective selves. And this importance of the here-and-now becomes intertwined with the past and the future. The memory is also that of the different meanings and contexts assigned to every word pronounced by another.
How about translation then ? From one subjectivity to another, one imagination to another, one language to another... Do you think it can be done ?
Yes. But only if translation takes into account the presence of the Other in us and in our languages.
Isn’t translation then just another name for those artistic endeavors built around the experience of alterity ?
Hmm... you think so ?
Vocales, a project in partnership with MAC VAL Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, the research team Teamed (AIAC), and the University of Paris 8 Vincennes—Saint-Denis, the Villa Vassilieff, the research platform “Pratiques d’Hospitalité”, initiated and coordinated by Simone Frangi and Katia Schneller at ÉSAD •Grenoble, the University of Quebec in Montreal, La Galerie, the contemporary art center of Noisy-le-Sec, and the Théâtre Brétigny, a government-funded stage and with the support of Fluxus Art Projects and of Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques.