Steve Paxton, Satisfin lover (1967)
Créée en 1967, cette pièce est certainement une des pièces les plus emblématiques de la danse post-moderne américaine. Dans la lignée du Judson Dance Theater (1962) dont Steve Paxton est un des fondateurs, cette performance expose l’infini minuscule des manières de marcher, de s’arrêter, de se tenir debout, de s’asseoir et de repartir. À travers ces « pedestrian movements » ou ces gestes d’autant plus « pragmatiques » qu’ils apparaîssent infra-ordinaires, Steve Paxton, qui initiera 4 années plus tard le Contact Improvisation, interroge fondamentalement la perception de nos corps en acte.... comme John Dewey passera plus de 20 ans dans la dernière partie de sa vie à explorer son corps grâce à la méthode d’éducation somatique M.Alexander dont il se fait l’adepte et le fervent avocat dans le développement de sa pensée, comme Richard Shusterman, dans cette même ferveur des enjeux de l’expérience soma-esthétique, fera du pragmatisme un « art de vivre ».
Comme le relève Jill Johnson à l’époque, Satisfyin Lover expose : « ... l’incroyable diversité des corps, tous les bons vieux corps de nos bonnes vieilles vies... traversant l’un après l’autre le gymnase en marchant, vêtus de leurs bons vieux vêtements. Des gros, des maigres, des moyens, des mous un peu avachis, des grands droits comme des I, des jambes arques et des genoux cagneux, des gauches, des élégants, des bruts, des délicats, des gravides, des pré-pubères, et j’en passe, toutes les positions possibles dans toute la gamme inimaginable, autrement dit vous et moi, au stage le plus quotidien, le plus ordinaire, le plus je-m’en-foutiste quant à la splendeur posturale* »
* Action/performance réactivée dans le cadre de PERFORMING LIVES par les membres du Laboratoire du geste / septembre 2015