ANARCHITEKTON anarchitekton/brasilia. est une vidéo d’images fixes ; un paradoxe spatio-temporel. Dès qu’une image entérine un point de vue, celle d’après le retourne, le déplace tout aussitôt. L’enchaînement visuel creuse le regard porté sur la ville. Très vite, rien ne s’impose, rien ne se sait. Là, quelque chose s’invente qui dépasse l’inertie gigantesque des bâtiments. Le rythme des images trouve sa chair dans les gestes d’Idroj. Personnage improbable, Idroj parcours la ville. Les maquettes des immeubles qu’il arbore sont des étendards grotesques ou des provocations utopiques. Manière d’interpeller l’histoire, d’en revenir au projet. Idroj court dans la ville comme on invente un paysage, comme on peuple un territoire. Il court à la cadence des images montées. Sans cesse, l’image déréalise son geste. Elle le fait trébucher. Et le conflit d’échelle qui, dans la prise de vue, se joue entre l’immeuble et son imitation grossière se répercute dans la longueur du film entre l’homme qui court, parcourt et l’image qui scande, scinde, empêche la fluidité du mouvement. Arnarchitekton Brasilia est une vidéo photographique qui invente un regard retourné ; un défi lancé aux regards qui se pose sur la ville, une manière d’inverser le gigantisme architectural pour provoquer le paysage, dépasser le monumental et habiter la rue. Idroj devient l’homme pour l’image, un personnage né pour elle qui joue à l’endroit où elle se construit. Comment existe le personnage ? Dans le cut de l’image, dans la répétition toujours différente. L’image d’après, c’est toujours un pas après plus la « magie ». La magie, c’est ce moment où dans l’image réaliste surgit le point de vue inattendu où la maquette de carton devient focale, où ce qu’elle reproduit devient décors. Idroj est alors un personnage en point d’interrogation qu’Anarchiteckton transforme en héros de l’immanence. Anarchiteckton c’est l’espace temps d’une œuvre qui dit la distance entre un moyen et sa fin, c’est un écart vers ce qui advient.
Léa Gauthier. Juillet 2003.
Exposition du 16 octobre 2004 au 16 janvier 2005 Une production de l’IAC Institut d’art contemporain - Villeurbanne
EXPOSITION INSTITUT D’art contemporain- VILLEURBANNE .
voir article dans le N°19 du Journal HORS D’OEUVRE (été 2006) JOURNAL HORS D’OEUVRE .